Barnabé Thératus, vétérinaire de son état, ne pût retenir sa joie lorsque sa femme, Eléonore lui annonça l’arrivée prochaine d’un enfant.
Malgré leur vie modeste, leur bonheur fut encore plus intense, lorsqu’à la délivrance naquirent 2 petites filles. Ils prirent cela pour un bon présage de la part des dieux. Les enfants grandirent dans l’amour. L’amour de leurs parents, l’amour pour les animaux que soignaient le père et l’amour de la musique que jouait avec une grâce sans pareil la mère.
Quatorze années plus tard, un soir de gros orage, un homme frappa à leur porte. Ces braves gens ne pouvant laisser quelqu’un sous un tel déloge ouvrir leur porte et proposèrent à cet individu une place au près de l’âtre et un bol de soupe. La chaleur réveilla un animal enfouit dans le paletot de l’inconnu. Les filles n’avaient jamais vu d’animal pareil, un serpent blanc comme la neige, aux petits yeux rouge sang. Eléonore pénétrant dans la pièce ne put retenir un cri de peur voyant ces filles si proches et comme ensorcelées par cet animal. Barnabé eut beau expliqué à sa femme que ce n’était qu’un serpent albinos, elle n’y voyait que diablerie. La soirée s’avançant, les fillettes furent envoyées au lit et le visiteur fut convier à rester pour la nuit dans la pièce principale. Dans leur lit côte à côte à l’étage, les jumelles s’endormirent en parlant de ce serpent.
Lorsqu’Elvisia ouvrit les yeux au petit matin, la couche de sa sœur était vide. Elle s’habilla en toute hâte afin de la retrouver certainement en train d’observer l’albinos voire même entrain d’essayer d’amadouer l’animal. Elle descendit quatre à quatre les marches qui l’amenèrent au rez-de-chaussée. Le fauteuil occupé la veille par l’étranger était vide. Sa mère qui vidait les cendres refroidies de l’âtre lui apprit que l’invité avait certainement du partir très tôt puisqu’elle même ne l’avait pas revu. Elle lui apprit aussi que Barnabé avait passé la nuit à l’étable pour aider leur jument à mettre bas et peut être que lui avait recroisé l’inconnu.
Dès la porte de l’étable entrebâillée, Elvisia comprit que quelque chose n’allait pas. Le silence qui y régnait lui glaça le sang. Dans son box la jument gisait morte de n’avoir pu entièrement expulser son poulain. Ce fut d’abord un sentiment de colère qui submergea Elvisia. Pourquoi son père avait laissé leur brave Alistas et son petit mourir ainsi ? D’ailleurs où était il donc ? Où était Estabo le cheval de son père ? Qu’est ce qui avait poussé son père à partir à cheval alors que ça jument allait mettre bas ? La peur succéda rapidement à la colère. Elle courut avertir sa mère de sa découverte et de son anxiété. Eléonore inquiète demanda à l’enfant d’aller réveiller sa jumelle… Apprenant l’absence de l’une de ces filles en plus de celle de son mari, elle sonna la grosse cloche à l’entrée de la demeure, d’autres cloches lui succédèrent un moment puis se turent ne laissant que la première. Par petits groupes tous les hommes du voisinage accoururent suivant le son du gros instrument.
Une battue fut vite organisée, on retrouva Barnabé presque morts à 2 lieues de la maison. Ramené, soigné du mieux possible il ne passa pourtant pas la nuit. Les seules mots qui sortaient de sa bouche : « il l’a envouté, il me l’a prise… »
De l’inconnu et ma sœur aucune trace, rien évaporés.